La conseillère de police Audrey Lhoest regrette l’absence de priorité politique et de souffle dans le budget 2014. Son intervention au conseil de police….


Le budget est en équilibre et bénéficie d’un boni de 807.133,72€ enregistré au compte 2012, ce qui donne un peu d’oxygène aux communes, dont les dotations sont diminuées d’autant. Elles en ont bien besoin étant donné ce que le gouvernement Di Rupo réserve à leur CPAS suite à la modification de la règlementation chômage et à la limitation des allocations d’insertion.

Le groupe ecolo est néanmoins inquiet de l’augmentation des dépenses de la dette (+ 531.000 par rapport à 2013). La charge financière des emprunts de la zone est en constante augmentation (195.000 en 2014, contre de 137.405,59 en 2012 et 125.000 en 2013). A l’extraordinaire, les emprunts à charge de la zone passent de 5 MIO en 2012 à 9 MIO prévus pour 2014.

Alors, le groupe ecolo se pose la question : la zone ne vit-elle pas au-dessus de ses moyens ?

Par ailleurs, on peut lire que nous bénéficions depuis décembre 2013 d’une dotation annuelle. Cette dotation comprend-t-elle une révision de la norme KUL ? Nous ne disposons, à ma connaissance, d’aucune information à cet égard.
Il est question plus loin d’une « clé de répartition unique » entre les six zones de police. Là aussi nous nous interrogeons….Il semble que le problème a toujours été que notre zone soit considérée comme une grande ville, au même titre que d’autres, alors que, précisément, la ville de Bruxelles rencontre des préoccupations spécifiques à une capitale européenne, que cela soit en terme d’activité, de vie nocturne, ou encore de trafic….

D’ailleurs, en ce qui concerne les subsides « sommets européens », nous constatons que nous obtiendrons 1.050.000 euros de moins par rapport à 2013 (le total des montants passant de 7.866.428,70 € pour 2013 à 6.819.000 €).
Alors bien sûr, il y a également près de 4.000.000 € qui viennent couvrir les charges financières des 66 agents pour les transports en commun mais nous insistons, rejoignant en cela les récentes revendications des agents de la sTIB, pour que ces 66 agents (dont le traitement est couvert par le fédéral) soient uniquement attachés à la sécurisation des transports en commun et non à la compensation des fonds « sommets européens ». La question est donc, comment la zone va-t-elle faire face aux charges avec un million de moins ? Peut-on réellement se féliciter de la révision du mécanisme de financement ?

En ce qui concerne les frais de personnel, s’ils apparaissent maîtrisés pour 2014, comment allez-vous faire face à l’augmentation des cotisations patronales des pensions en 2015 ? Les salaires ne seront pas indexés cette année, mais il faudra y faire face début 2015. L’année prochaine sera donc très rude au niveau des charges de personnel. Comment anticiperez-vous cela ?

La Déclaration fait aussi référence au coût important que représentent les mouvements « imprévus », tels que ceux qui se sont déroulés à Matonge en 2011. Le mot imprévu est tout à fait inapproprié. Les forces de police doivent faire preuve d’anticipation. Dans ce cas précis, les événements étaient tout à fait prévisibles puisqu’il s’agissait de prévoir tout possible débordement étant donné le déroulement des élections au Congo et leur possible répercussion sur ce quartier fréquenté par la communauté congolaise.

Ce qui a représenté un coût pour la collectivité a été un manque total d’anticipation et une absence d’activation des réseaux avec la communauté concernée. Une anticipation qui aurait évité le déploiement de telles forces, les dommages occasionnés et le coût pour la collectivité.

Au-delà des chiffres, le budget traduit la politique de la zone.
Et là, ecolo reste sur sa faim…La Déclaration de politique générale parle de la nécessité de se fixer des priorités. Nous avons eu beau chercher, nous ne les avons pas trouvées….

Quelles sont-elles?

Il y a bien un nouvel investissement de 1.600.000€ pour le remplacement des vieilles caméras.
Les 235 nouvelles caméras sont placées pour 9.000.000€, sans qu’aucune étude n’ait été réalisée sur leur efficacité (un rapport britannique de 2005 démontre d’ailleurs en détails l’impact quasi nul de la vidéosurveillance).
Etant donné l’investissement consenti : a-t-on désormais prévu une évaluation « coût-bénéfice» dès le placement des nouveaux appareils de surveillance?
Par ailleurs, les images collectées par les caméras sont-elles désormais effectivement traitées et utilisées en vue d’actions sur le terrain ?
Concernant le patrimoine immobilier. On n’y voit pas clair sur le futur de la centralisation des services d’appui de même que sur le renouvellement du dispatching. Or, de nouveaux travaux conséquents sont prévus pour un montant de 1.750.000 euros. On peut se poser la question de savoir s’ils sont pertinents si c’est pour décider de déménager dans cinq ans ? Nous vous demandons dès lors un échéancier clair sur vos projets de déménagement du dispatching et la centralisation des services d’appui dans un nouveau site.
Qu’en est-il de la réorganisation des commissariats ? Nous avons été mis sur le fait de certaines fermetures (notamment le dimanche). Qu’en est-il du plan qui nous avait été annoncé l’année passée ?

En outre, depuis avril 2012, nous demandons un droit de regard sur l’audit logistique, avec la promesse d’une réunion, qui ne s’est jamais tenue.

Sur la question des bâtiments, toujours…Que le problème de l’amiante découvert en 2011 ne soit toujours pas réglé en 2014 pose question ! Si l’inspection de 88% des immeubles a déjà été réalisée à ce jour, nous vous demandons un état clair de la situation. Aujourd’hui, seuls 20.000 euros sont budgétés pour l’enlèvement de l’amiante. Quels sont donc les intentions de la zone en la matière, et qu’en est-il des risques courus par les agents au niveau de leur santé ?

Rien dans votre déclaration politique en matière d’économie d’énergie & de développement durable :

  • Rien sur un réel souci d’économie d’énergie (audits, aménagements économiseurs, rénovations passives,…). Or, 400.000€ sont budgétés pour payer la facture de gaz de la zone en 2014 ;
  • Rien non plus sur une augmentation des deux roues qui allient pourtant baisse de la pollution en ville et proximité accrue entre policiers et citoyens.

En 2013, nous vous avons interpellés à de nombreuses reprises dans nos conseils communaux respectifs sur des violences policières au sein de la zone. Le fait qu’une marche européenne contre les violences policières se tient sur le territoire de notre zone n’est pas anodin. Il n’est pas acceptable que des policiers soient victimes de violences. Mais il est tout aussi intolérable que des citoyens, innocents, soient victimes de violences policières, et elles sont en constante hausse, ce qui est très préoccupant (chiffres LDH, qui correspondent à ceux du Comité P). Il est regrettable que ce ne soit pas relevé et que des efforts conséquents en termes de formation des agents ne soient pas prévus.

Enfin, je m’interroge sur la faible représentation de femmes au sein de la zone (graphique de la page 32) ainsi que sur les types de postes que celles-ci y occupent ? Viser une représentation équilibrée entre femmes et hommes, ainsi que, à poste équivalent, une égalité de salaire, devrait constituer une de vos priorités.

Je salue par contre le placement de l’enseigne lumineuse pour le bâtiment Flagey, elle ne sera pas de trop pour un commissariat situé au 5ème étage. Il est également positif que la Déclaration relève les problèmes de discriminations, dont l’homophobie ; c’est une bonne chose, qui devra être suivie des faits.